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CD LISZT

Classica (Répertoire)

(juin 1999)

Le premier enregistrement de Jean-François Dichamp, consacré à Chopin, nous avait révélé un pianiste sensible et intéressant, particulièrement soucieux du travail des sonorités. Et c’est encore ce que nous retiendra ici, avec un programme assez original qui réunit trois extraits des Années de pèlerinage, diverses pièces de premier plan comme Funérailles, la Ballade n° 2, ou les deux Etudes « Murmures de la foret » et « Ronde des lutins » et, plus rare, la première des Apparitions, page de jeunesse mais très avancée du point de vue de l’écriture. C’est dire que ce programme varié mêle des œuvres puissantes et visionnaires et d’autres plus introverties.

Disons d’emblée que Jean-François Dichamp s’impose à l’oreille par un sens aigu de l’alchimie harmonique. Cela se sent dès Au bord d’une source, dont la virtuosité délicate et dédiée fait déjà entendre les Jeux d’eau de la Villa d’Este et même les ruissellements debussystes et ravéliens. On retrouvera cet art tout en souplesse, en raffinement sonore jusque dans les Funérailles ou Après une lecture de Dante.

Ici, d’autres pianistes se montrent plus massifs et impressionnants, mais la masse sonore n’est pas tout et dans de vastes plages sonores comme celles-ci, il faut savoir graduer les progressions dramatiques, posséder le sens des transitions harmoniques. De ce point de vue, c’est très réussi.

D’autres pièces peuvent prêter le flanc à des poncifs d’interprétation. Dans Apparitions, par exemple, on pourrait être tenté par une suavité mélodique superficielle, alors que là encore ou plutôt déjà là (en 1834), se révèle cet instinct harmonique « impressionniste » que Jean-François Dichamp met parfaitement en évidence. Dans les deux Etudes de concert et particulièrement la Ronde des lutins, de très nombreux pianistes ont seulement axé leur « performance » sur la vitesse et la nervosité, alors qu’ici, sans que le tempo soit d’ailleurs retenu, on admire la fluidité et les miroitements sonores.

Pianiste à doigts, Dichamp est aussi un pianiste pour l’oreille. C’est mieux et cela fait de ce disque une excellente introduction à la magie lisztienne.

Jacques Bonnaure

Le Monde de la Musique 

(mai 1999)

…Elève de Magaloff, Pennetier et Curcio, Jean-François Dichamp a déjà enregistré chez Lyrinx une beau disque Chopin. Il a aussi beaucoup à dire chez Liszt. Son programme est composé de pièces diverses, dont une bonne partie  a été extraite des Années de pèlerinage. Sous ses doigts, Après une lecture de Dante n’est plus le cheval de bataille adulé des virtuoses narcissiques, mais une promenade intérieure dans les méandres de l’âme lisztienne. Dichamp sait conduire la phrase lisztienne d’une main de maître, avec un vrai sens du panache et sans exhibitionnisme.

Olivier Bellamy

Diapason 

(avril 1999)

Jean-François Dichamp, qui avait très agréablement surpris par un récital Chopin intense et spontané il  y a quelques mois, récidive dans la difficulté mais semble avoir trouvé la voie qui lui permettra de se faire un nom. La simplicité et le charme sont les maîtres-mots de ses interprétations, qui séduisent immédiatement par une absence de prétention et une chaleur communicative, quel que soit le style abordé. La rondeur de sa sonorité, son sens du cantabile, qui séduisent dans les pages les plus aimables ( Au bord d’une source, Waldesrauschen), communiquent aux plus anguleuses (Dante-Sonate, Gnomenreigen), voire aux plus arides (Cyprès de la Villa d’Este) un équilibre rassurant. Au-delà de cette apparence avenante, la réécoute permet de déceler des idées discrètement amenées, jamais appuyées, toujours justifiées, qui donnent un vrai poids à des interprétations (la difficile 2e Ballade et ses effets d’amplification).

Etienne Moreau

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